Quentin Lafay, la radio chevillée au corps
Quentin Lafay incarne l’une des voix de Radio France qui rythme mon quotidien depuis un an. L’animateur qui est installé sur la tranche du 18-20 sur France Culture dirige avec une grande humilité et un calme rare l’émission “Questions du soir”.
Après une année où les actualités internes et externes à Radio France n’ont jamais été aussi denses, nous avons pu nous rencontrer pour revenir ensemble sur sa passion radiophonique ainsi que sur son parcours professionnel.
“Depuis mon enfance, mon rêve absolu était de faire de la radio” : le ton est rapidement donné par le jeune Quentin Lafay que les parents avaient habitué à l'écoute de France Inter à tous les moments de la journée. Ce goût incomparable pour la radio ne s’est alors jamais envolé, jusqu’à le porter en stage tout en haut chez France Inter.
Là-bas il a alors pu rencontrer l’un de ses deux modèles radiophoniques avec Nicolas Demorand, à savoir Patrick Gélinet le producteur de l’émission intitulée “Deux mille ans d’histoire”. Le jeune homme lui vouait une vraie admiration au point de lui avoir envoyé une réplique d’un épisode autour de l’histoire fascinante du tournevis, ce qui avait évidemment amusé le journaliste à l’époque.
Pour Quentin, la radio se distingue nettement depuis toujours des autres plateformes d’informations puisqu’elle “permet de parler au cœur du cerveau des gens” et s’installe parfaitement dans leur quotidien. Plus qu’un défenseur ardu de ce medium d’information, il explique adorer également l’art de l’émission quotidienne : “J’adore totalement l’exercice de la radio et la mécanique d’antenne qui passe par le fait de parler dans le micro, l’ambiance du studio ou les relations avec les techniciens et les équipes”.
À travers son émission quotidienne, l’animateur et producteur s’est fixé un cap principal à suivre et maintenir : “J’essaie d'informer les gens grâce à mes invités et via la radio”. Pour lui, bien que la radio reste un canal d’information apprécié du public, il demeure deux fausses idées que la jeune génération continue de relayer.
Pour lui, dans une émission le présentateur n’a pas le rôle le plus important : “C’est un média où la réponse compte plus que la question, le bon présentateur c’est celui qui sait écouter et pas uniquement parler, il doit se mettre en empathie avec l’invité”.
Le second faux cliché à déconstruire est l’idée que la radio ne serait pas du tout un média d’images, or pour lui c’est tout le contraire : “la radio est un média de rencontres où les interactions et les différents langages corporels sont essentiels”.
Malgré son savoir-faire radiophonique qu’il n’a plus à prouver après avoir travaillé aux Matins de France Culture et s’être attelé à la tâche du documentaire, il ne se définit pas pour autant comme un journaliste. En effet, il avoue sans complexe ne pas détenir la carte de presse et admet douter de ce qui constitue le coeur du métier d’un journaliste de nos jours : “Je ne suis pas un journaliste de terrain et je ne suis pas sûr de m’identifier vraiment comme un journaliste. Je ne sais pas ce qu’il y a de commun entre le travail de mon ami journaliste sur les terrains de conflits dans le monde et le mien”.
Le travail journalistique pourrait relever davantage de la force et la complémentarité de son équipe qui l’accompagne sur ses émissions et l’aide quotidiennement. Comme il me le rappelle, sept personnes veillent au bon déroulement de l’émission, avec différents rôles allant “du choix des invités, à la documentation autour des sujets choisis, jusqu’à l’équipe technique et la réalisation”.
Cet attrait pour le collectif et le travail en équipe, il l'a ensuite réinjecté au sein de sa propre initiative : EqualProd une boîte de production montée en 2023 et qui a pu travailler notamment avec Arte. Leur plus gros projet pourtant n’a pas lieu sur les ondes mais à travers nos écrans puisque cette boîte produit Backseat sur la plateforme Twitch.
L’émission quotidienne visant à revenir sur l’actualité politique et animée par le créateur de contenus politiques Jean Massiet lui permet de maintenir un lien avec un public plus jeune et différent mais aussi d’avoir d’autres capteurs pour analyser notre société. D’un ancien support à un second beaucoup plus moderne, Quentin Lafay apprécie toujours énormément la rencontre avec les invités et avoue même avoir mieux compris l’intérêt des réseaux sociaux : “Tu peux faire des choses formidables sur les réseaux sociaux”.