Le football, l’ultime joie commune de tout un peuple
14 ans qu’ils attendaient ça : pouvoir soulever la plus belle coupe aux yeux des amoureux du football, à savoir la Ligue des champions.
'C’est Paris, ses 20 arrondissements, ses 22 banlieues concomitantes au centre de la capitale, toute une région s’est embrasée au même moment lors de la nuit du 31 mai 2025.
Une région et bien plus encore qui attendait ce fameux trophée depuis le rachat du club parisien par le Qatar le 30 juin 2011. Un rachat vécu à l’époque comme un miracle, tant il a complètement transformé à la fois la marque PSG et son poids sur la scène européenne. Une opération salutaire qui permettra au club d’attirer des premiers gros cadors européens de l’ère moderne tels que Zlatan Ibrahimović, David Beckham, Edinson Cavani, Thiago Silva ou Javier Pastore.
C’est donc en 2025, autour d’une équipe rajeunie, remodelée et bien plus soudée que Paris a enfin accompli son objectif ultime : décrocher le trophée qui avait suscité tous ces bouleversements. Une équipe dont les dirigeants ont construit et reconstruit différemment l’ADN, depuis le florilège de stars achetées au prix fort comme Neymar, Mbappé et Messi jusqu’à une volonté radicalement opposée de s’appuyer sur des jeunes talents formés au club ou formés en France.
Naturellement les réactions épidermiques à ce sacre tant attendu ont été proportionnelles à l’investissement massif et de longue haleine de ces supporters et supportrices passionnés. Un investissement qui s’est construit à travers des épreuves peu communes, ayant entraîné la popularité du terme “remontada” dans la culture populaire.
Alors après un weekend de festivités intenses avec parfois des dérives violentes les titres des médias étaient déjà tous écrits. Une narration bien plus sombre était déjà en marche qui sera récupérée par l’ensemble des partis de droite, cette narration gommant la base de l’événement qui était la communion de fans partout en France.
Les mots “émeutes” ou “violences” ou encore “dégâts” ont été utilisé à profusion tout comme le champ lexical de la destruction pour dépeindre un tableau semblant chaotique voire apocalyptique. L’imaginaire d’une communion générale dépassant toutes formes de différences sociales a largement été dépassé, puisqu’à la place on blâmait les dérives du supporteurisme et les incidents provoqués par les fêtes spontanées.
Ce que j’ai lu, entendu et vu sur place dans la capitale était surtout et avant tout, une énorme festivité populaire où les rues étaient au peuple et où la nuit se transformait en l’aurore sous les effets conjoints des feux d’artifices et fumigènes rouges et bleus. C’était une liesse où bien que les femmes aient pu être dérangées voire agressées pour certaines, le coeur du mouvement ne se trouvait pas dans ces dérives propres à l’espace public en général.
Mais ce qui faisait réellement débattre dans ces manifestations de joie spontanées était la question de qui était à l’origine de ces mouvements de foule. Et la réponse se trouvait là : le PSG était célébré par une diversité inédite des corps français et de sa jeunesse : des hommes et femmes racisés ou non, des personnes qui prenaient symboliquement le contrôle d’un espace parisien dont ils sont très souvent exclus voire repoussés. Et si notre ministre de l’Intérieur les dépeint en “barbares” je décris plutôt la manière dont les princes et princesses de la ville, les titis parisiens et les banlieusards ont pu s’identifier à Paris même.
Ils et elles ont pu célébré leur club au cours d’un long weekend, qui restera dans les mémoires grâce aux nombreuses traces photogéniques et filmées. Ils et elles ont rappelé à tant de personnalités hors sol que Paris était aussi à eux et à elles, et qu’ils et elles incarnaient une grande partie de la magie parisienne.