Une nouvelle rentrée littéraire placée sous le prisme des violences faites aux femmes

En septembre 2025 il sera possible de découvrir le cru de la traditionnelle rentrée littéraire francophone avec pas moins de 484 nouvelles parutions selon France Info.

Un florilège impressionnant de livres où des auteurs et autrices de renommée réinvestissent les rayons de nos librairies et suscitent à la fois de l’enthousiasme et une certaine nervosité chez les lecteurs que nous sommes, pressés de voir si les résultats seront à la hauteur de nos attentes.

Parmi ces personnalités littéraires, j’ai commencé en lisant le nouveau roman de Chloé Delaume, intitulé “Ils appellent ça l’amour” et publié aux éditions du Seuil. Reprenant comme personnages principaux une bande de filles qui reviennent dans plusieurs de ses livres, Chloé Delaume nous plonge dans la mémoire de l’une d’entre elles Clothilde, tandis qu’elle retourne le temps d’un weekend entre copines dans un village maudit de son passé. Au cours du récit qui nous est proposé, le décalage se creuse presque excessivement entre la joie et le bonheur contagieux des filles et l’angoisse latente qui submerge la principale protagoniste à mesure que ses souvenirs nous parviennent.

Ce roman se fait l’écho de la nouvelle lecture des relations hommes-femmes et des dynamiques conscientes ou inconscientes à l’oeuvre dans l’hétérosexualité, et les conséquences que ces relations provoquent dans les femmes et leur intimité. Ce thème, celui des relations hétérosexuelles et de ses potentielles violences est un fil rouge dans l’oeuvre de Chloé Delaume et on peut se réjouir de la voir comprendre et digérer dans son écriture les effets de #MeToo, mais il me paraît inéluctable de ne pas y voir une certaine répétition livre après livre.

Que ce soit dans son roman “Le coeur synthétique” ou bien "dans son autre ouvrage “Pauvre folle” les hommes accaparent l’écrivaine et ses héroïnes, les intrigues se déploient sur la fin d’une relation, l’impossibilité d’une autre relation ou encore les dommages causés par ces mêmes relations : les femmes se pensent constamment en fonction des hommes de leurs vies. Or en 2025, ces formes de narrations détonnent avec l’émancipation souhaitée de ce genre et son autonomie sur tous les plans possibles et imaginables : les femmes veulent exister pour elles-mêmes et se raconter différemment.

Même si ce présent livre offre des perspectives réjouissantes qui passent par la sororité, les liens proches et forts entre femmes et la décentralisation de l’amour romantique, je ne peux que constater que cet espoir arrive bien tardivement dans l’histoire, alors que ces nouvelles formes de relations doivent être montrées, écrites et mises en avant pour les générations futures. Chloé Delaume a le talent et les moyens pour faire partie de ces écrivaines pouvant construire des imaginaires sans hommes, à condition de se donner l’occasion de sauter le pas !


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