Les violences sexistes et sexuelles ne sont toujours pas un sujet de consensus.

La fête de l’Humanité, rendez-vous annuel fortement attendu par l’ensemble des forces de gauche du pays, a eu lieu ce weekend du 12 au 14 septembre 2025.

Parmi les thèmes plébiscités qui étaient attendus, on peut retrouver la cause palestinienne, la lutte antifasciste ou bien encore la Kanaky et la préservation de l’environnement avec l’invitation très contestée de Paul Watson. Bien que cette fête soit un moment de célébrations, de décompression vis-à-vis du climat politique et social anxiogène, les tensions et critiques n’en sont pas pour autant inexistantes.

Mais ce qui a été reproché via les réseaux sociaux par le collectif Me Too Média, le collectif Stop Fisha dont plus particulièrement deux militantes proactives sur les sujets des violences faites aux femmes Sirine Sehil et Hajar Outaik, était la programmation de plusieurs hommes accusés de violences sexistes et sexuelles. Un choix qui était dénoncé de longue date par ces militantes mais sans réponses ou actions prises par l’organisation du festival, pourtant au parfum des enjeux féministes actuels.

Post disponible sur Instagram et massivement relayé.

Il est fait mention sur sur ce post mais également sur la place publique de multiples accusations à l’encontre à la fois du rappeur Zamdane, Tif, Kalash et Vicelow l’un des membres du Saïan Supa Crew. Bien que les accusations ne soient pas du même acabit, il n’empêche que sont dénoncés des faits de violences conjugales pour Vicelow, de violences conjugales pour Kalash, de violences sexuelles pour Tif, et enfin de violences sexuelles également pour Zamdane.

Bien que la médiatisation soit différente pour chacun des artistes cités ici, on retrouve un dénominateur commun dans plusieurs cas : les artistes accusés ici ont immédiatement annoncé porter plainte contre les potentielles victimes ainsi que pour Zamdane contre la militante Sirine Sehil. Les artistes également ont été accusé de tenter d’intimider les femmes ayant témoigné y compris en anonyme, contre leurs agissements, montrant une fois de plus que tous les coups sont permis pour sauvegarder une carrière et une réputation.

Les médias sont que très peu à relayer ces accusations et à interroger le festival sur sa part de responsabilité dans la programmation de potentiels agresseurs, à ce jour je n’ai trouvé que le média Terrafemina ayant repris le post Instagram ainsi que les diverses réactions publiques à ces accusations. De quoi s’interroger sur l’intérêt général pour les violences sexistes et sexuelles, de quoi aussi pour les femmes victimes de ces violences systémiques avoir du mal à croire en l’engagement total de la gauche à prendre au sérieux ce sujet.

Concernant ces quatre artistes et leur participation à l’événement, le rappeur Tif a été le premier à déprogrammer sa venue le 8 septembre dernier, remplacé au pied levé par un plateau pour la Palestine composé de 3 artistes : Demi Portion, Danyl et enfin Théa.

Le rappeur Zamdane a quand à lui pris la parole à la fois sur scène et sur ses réseaux sociaux proclamant son innocence et apportant son soutien à toutes les femmes victimes de violences sexuelles. Mais ce qui ne l’a pas empêché pour autant de passer à l’offensive le jour même en déclarant son intention de porter plainte contre la militante féministe ayant mentionné l’existence de ces accusations.

Le rappeur Kalash quant à lui a pu se produire sur scène en toute quiétude, et a porté plainte contre son ex-femme Ingrid Littré ayant témoigné de multiples violences lors de leur histoire commune, entraînant un placement en garde à vue de l’ancienne Miss en juillet dernier.

Enfin, le Saïan Supa Celebration a pu également se produire à la fête de l’Humanité sans aucune conséquence de la part de l’organisation malgré les accusations, avec la présence de Vicelow au sein du groupe. 

Les artistes accusés de violences sexuelles ne sont plus une rareté dans le milieu musical francophone, puisque des témoignages de violences se sont multipliés ces dernières années à l’encontre également du rappeur Lomepal, Gringe, Nekfeu ou bien plus récemment Keeqaid et Hyacinthe.  L’existence de comptes Instagram permettant aux victimes de s’exprimer anonymement a fortement contribué à la mise en place d’un cadre bienveillant et protecteur, mais contraint par les réactions masculines souvent violentes et malveillantes à l’encontre des femmes dans leur globalité. 

Mais les institutions culturelles comme la Fête de l’Humanité ne semblent pas toujours croire et défendre les victimes de ces mêmes violences, empêchant alors une réelle révolution politique et culturelle. 

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